Jean-Pierre Bemba, figure politique majeure en RDC, se retrouve une nouvelle fois rattrapé par son passé militaire, cité dans le procès de Roger Lumbala à Paris. Cette convocation soulève des interrogations sur la responsabilité des chefs rebelles et sur la mémoire sélective d’un pays encore marqué par les guerres.

Un procès qui ravive les zones d’ombre

Le procès de Roger Lumbala devant la cour d’assises de Paris, pour crimes de guerre et association de malfaiteurs, a pris une tournure inattendue lorsque ses avocats ont cité Jean-Pierre Bemba, actuel vice-Premier ministre en charge des Transports, comme témoin à décharge. Lumbala affirme que son mouvement n’était pas armé et rejette la responsabilité des opérations militaires sur les combattants de Bemba. Cette stratégie vise à détourner l’attention vers l’ancien chef du Mouvement de Libération du Congo (MLC), dont les troupes ont été accusées de graves exactions dans les années 2000.

Le spectre de « Effacer le tableau »

Au cœur des débats, l’opération « Effacer le tableau », menée dans le nord-est de la RDC, reste emblématique des violences commises par les groupes armés, son nom demeure associé à une chaîne de commandement où la frontière entre responsabilité politique et militaire reste floue. La citation de Bemba dans ce procès illustre cette ambiguïté persistante : peut-on dissocier le chef politique du chef militaire lorsqu’il s’agit de crimes de masse ?

Une affaire aux résonances diplomatiques

La demande de comparution de Bemba ne se limite pas au terrain judiciaire. Elle a pris une dimension diplomatique, l’ambassade de France à Kinshasa ayant transmis la citation aux autorités congolaises et mis en place un circuit accéléré de visas pour les témoins de la défense. Cette procédure exceptionnelle souligne l’importance politique de l’affaire et la sensibilité des relations franco-congolaises.

Un héritage encombrant

Jean-Pierre Bemba, longtemps perçu comme un rival potentiel à la présidence, incarne aujourd’hui une contradiction : homme d’État respecté, mais toujours prisonnier d’un passé guerrier. Son acquittement à La Haye n’a pas effacé les doutes sur son rôle dans les atrocités commises par ses troupes. Être cité dans le procès Lumbala rappelle que la justice internationale peut blanchir, mais rarement réhabiliter totalement.

responsabilités des chefs militaires

Ce nouvel épisode met en lumière la fragilité de la réconciliation nationale en RDC. La convocation de Bemba, même en tant que témoin, réactive les blessures d’une histoire où les responsabilités des chefs militaires restent partiellement assumées. L’image de Bemba comme dirigeant politique moderne se heurte à la mémoire des victimes et à la persistance des zones grises de son passé.

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By Jerry Nguwa

Journaliste| Editeur Responsable|+243816669900

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