Kinshasa a vécu ce mardi 18 novembre une véritable paralysie urbaine : le lancement du contrôle des nouveaux permis de conduire biométriques a provoqué une crise majeure du transport public, laissant des milliers de Kinois contraints de marcher sous une chaleur accablante.
Dès les premières heures de la matinée, les arrêts de bus et de taxis étaient désertés. Au rond-point Kintambo Magasin, l’un des carrefours les plus fréquentés de la capitale, hommes, femmes et élèves attendaient en vain un moyen de transport. Beaucoup ont fini par parcourir à pied plusieurs kilomètres, notamment le long de l’avenue Colonel Mondjiba, pour rejoindre le centre-ville. Des colonnes de piétons se sont formées, rappelant l’ampleur de la perturbation.
Embouteillages malgré la rareté des véhicules
Paradoxalement, la circulation n’a pas été fluide. Les points de contrôle installés par la Police nationale congolaise (PNC) ont provoqué de longs ralentissements. Sur le boulevard du 30 Juin, l’avenue Lukusa et l’avenue de la Justice, des files interminables de véhicules bloqués ont été signalées. Dans la commune de Ngaliema, notamment à Saint-Luc et Ma Campagne, des bouchons ont paralysé les artères, obligeant les habitants à marcher jusqu’au rond-point Magasin sans trouver de transport.
Une opération annoncée mais redoutée
Cette opération s’inscrit dans la mise en œuvre du nouveau permis de conduire biométrique sécurisé, lancé officiellement le 17 novembre par le ministère de l’Intérieur. Après plusieurs reports, les autorités ont décidé d’appliquer strictement la mesure : seuls les conducteurs en règle peuvent circuler, les autres risquent la saisie de leur véhicule et son transfert à la fourrière du camp Lufungula.
Malgré une campagne de sensibilisation, de nombreux chauffeurs affirment avoir été pris de court. Certains ont préféré ne pas sortir, craignant une répression policière. D’autres ont vu leurs véhicules saisis dès les premières heures.
Contrôle technique reporté
La confusion a été accentuée par le contrôle technique des véhicules, initialement prévu le 17 novembre mais repoussé au 19 novembre. Plusieurs conducteurs affirment pourtant avoir été soumis à cette vérification en plus du contrôle des permis congoquotidien.
Les taxis-motos en profitent
Face à la pénurie de bus et taxis, les taxis-motos ont vu leur demande exploser. Les tarifs ont doublé, voire triplé : une course entre Kintambo et Utex Africa, habituellement facturée entre 2 000 et 5 000 francs congolais, se négociait ce mardi à plus de 10 000 francs. Cette flambée survient malgré la baisse récente du prix du carburant, passé de 2 690 à 2 440 francs le litre Actu30. Mais même à ce prix, les motos étaient rares, aggravant la détresse des usagers.
Une réforme à haut coût social
La mise en œuvre du permis biométrique marque une étape importante dans la modernisation de l’administration routière congolaise. Mais son application brutale a plongé Kinshasa dans une crise de mobilité sans précédent. Entre files interminables, piétons épuisés et tarifs exorbitants, la capitale a vécu une journée de chaos qui illustre les défis d’une réforme nécessaire mais socialement coûteuse.

Journaliste| Editeur Responsable|+243816669900
